On a commandé un assortiment complet de valises en cuir de Russie, mais comme elles n'ont pas été livrées en temps utile en raison peut-être de certains petits incidents qui se seraient passés dans le pays d'origine.
Pour faire comprendre la beauté l'invention, il suffit d'une simple démonstration théorique, on a résolu de ne pas attendre plus longtemps et de se servir de cette collection de tubes qu'on avait précisément sous la main. Ils étaient destinés à la confection d'un télescope au moyen duquel on aurait pu voir la lune à un millimètre. Malheureusement, les lentilles n'ayant pas été réussies du premier coup, on a dû changer d'objectif. Ces tubes sont au nombre de I, 2, 3, etc., comme on le voit. En raison de leur destination première, ils répondent parfaitement au but proposé, puisque, par définition, ils rentrent les uns dans les autres.
Tubes pour magicien : Voici le n° 1, le plus gros, à travers lequel on peut regarder comme si le contemplais les astres les plus brillants du firmament. Il représente la valise la plus grande ; une de celles de Madame. Le n° 2, fragment du télescope comme le précédent, s'y loge parfaitement, quoique de dimensions presque égales, c'est encore une valise pour Madame, le 3', etc., etc., etc. (jusqu'au plus petit tube qui est indiqué, comme représentant la valise du restant de la famille).
Comme on l'indique, et ainsi qu'il a été vu, ces tubes peuvent tous entrer les uns dans les autres, à l'instar des valises. Il est donc facile d'en avoir un nombre indéfini et malgré cela, de n'accaparer dans son compartiment que la place à laquelle on a régulièrement droit.
Le magicien dit ? Cela n'est pas difficile parce que les tubes sont vides, mais s'ils étaient pleins ! Je m'étonne d'une réflexion aussi singulière, car je n'aurais pas pensé qu'on me crut capable d'une exhibition qui, ainsi présumée, ne serait qu'une plaisanterie d'un goût discutable. La personne qui a cru devoir se permettre cette interpellation n'a pas remarqué qu'en vous désignant les tubes je les ai touchés de ma baguette. Ce simple geste a suffi, et cela était nécessaire pour vous exposer leur destination primitive, à rendre pendant un instant, invisible leur contenu qui n'a cependant pas changé de nature ni d'emplacement. Je n'ai d'ailleurs qu'à effleurer à nouveau ces valises, je veux dire ces tubes, de ma baguette toute-puissante pour que les objets dont ils sont remplis, reprennent les conditions nécessaires à leur perception par nos sens naturels et imparfaits. La ré matérialisation étant ainsi accomplie, voyons ce que contient le premier tube, le deuxième, etc., etc.
Voici le dernier. Tiens, il est vide ! C'est vrai, je me rappelle avoir oublié de le toucher comme les autres de ma baguette... Voici l'oubli réparé et comme il faut bien ajouter un peu d'agréable à l'utile, c'est de fleurs lu coloris brillant et varié que cette dernière " valise " devait forcément se trouver remplie. Vous voyez, Mesdames et Messieurs, combien lorsqu'on est magicien, il est facile de voyager à peu de frais. je vous livre mon procédé. Il n'était pas, en somme, bien difficile à imaginer. Unit le mérite, s'il existe, consiste à y avoir pensé le premier.